Le taux d’accès à l’électricité diffère d’un organisme à un autre, mais nous basons notre analyse sur les données de l’Agence Internationale de l’Énergie (IEA) dont la base de données est mondialement reconnue. Selon cette institution, la Côte d’Ivoire a un taux d'accès à l’électricité de 76 % répartie entre l’accès en milieu rural de 51 % et l’accès en milieu urbain de plus de 99 % (IEA, 2021). Ce qui signifierait que toutes les villes sont connectées au réseau électrique et que les efforts pour améliorer l’accès à l’électricité doivent s’orienter vers le milieu rural. En outre, plusieurs raisons pourraient expliquer ce faible taux d’accès en milieu rural, parmi lesquelles :
La faible proportion des énergies renouvelables dans la production de l’électricité
L’insuffisance d’infrastructure de transport dans les zones reculées pouvant acheminer l’électricité
L’inexistence de réseau décentralisé ou de micro-réseau. Un micro-réseau est un groupe décentralisé de sources d’électricité principalement une source d’énergie renouvelable et des charges qui fonctionnent normalement, connectées et synchronisées avec le réseau traditionnel à grande distance (macro-réseau), mais peuvent également être déconnectées et fonctionner de façon autonome
L’inexistence des mesures incitatives telles que les subventions liées à la réglementation sur l’accès à l’énergie durable. Les données énergétiques ainsi que les données de bien d’autres domaines étant rares ou datant de plus de 5 années en arrière, les valeurs clés du profil énergétique de la Côte d’Ivoire sont tirées de la base de données de l’IEA.
Analyse du profil énergétique
Avec ses 7 centrales hydroélectriques et 4 centrales thermiques, le système électrique interconnecté totalise une puissance installée de 2214 MW en 2019. Lorsqu’on observe les graphiques sur la capacité installée et l’électricité générée à partir de celle-ci, la capacité des centrales thermiques à partir du gaz naturel a atteint les 60 % en 2019 et produit une énergie représentant plus de 67 % de l’électricité totale produite. Ce qui démontre que les rendements des centrales thermiques sont meilleurs que ceux des barrages qui produisent moins d’électricité par rapport à leur capacité installée.
Plusieurs raisons tant naturelles que technologiques pourraient expliquer ces faibles rendements des barrages hydroélectriques, notamment ; le manque de planification des fréquences, des volumes de pluie et/ou l’entretien, le remplacement des équipements de production des barrages.
Aussi, avec un objectif de limiter à 60 % la dépendance à une seule source d’énergie pour raison de sécurité énergétique, la part du gaz naturel (thermique) dans le mix énergétique de la Côte d’Ivoire doit être revue à la baisse afin de réduire la dépendance à cette source énergétique.
En outre, la consommation d’énergie par secteur d’activité est largement dominée par les ménages qui représentent plus de la moitié de l’énergie totale consommée. Plusieurs améliorations énergétiques dans ce secteur peuvent se faire depuis la réglementation sur l’exploitation des énergies renouvelables tel le potentiel solaire jusqu’au type de combustible utilisé le plus souvent dans les ménages. Ces données montrent également que notre société est faiblement industrialisée avec une agriculture traditionnelle représentant moins de 2 % de l’énergie totale consommée.
Perspective énergétique
Barrage de Soubré – Côte d’Ivoire
La production d’électricité est basée sur deux ressources primaires; l’hydroélectricité et l’énergie fossile (gaz naturel) de 1990 à 2020. Mais l’évolution des énergies primaires montre que l’hydraulique et la biomasse sont de loin, les sources les plus exploitées. Si l’énergie hydraulique est essentiellement convertie en électricité, la biomasse (bois de feu, charbon de bois, déchets végétaux et animaux) qui représente 40 % de la production d’énergie primaire est inexistante dans le mix énergétique de l’électricité. Ce qui signifierait que la source est certes disponible, cependant il n’existe pas d’infrastructures de transformation de cette énergie primaire en électricité. Une autre solution pour atteindre les objectifs énergétiques fixés par la Côte d’Ivoire, est celle d’augmenter la part des énergies renouvelables à 42 % dans le mix énergétique, serait d’exploiter d’autre source comme la biomasse ou le potentiel solaire afin de réduire la dépendance à une unique source d’énergie :
La biomasse, qui est inexistante dans le mix énergétique de l’électricité est essentiellement utilisée dans les ménages représentant jusqu’à 62 % de la consommation d’énergie totale
L’énergie solaire, dont le potentiel peut atteindre jusqu’à 2050 kWh/m2 dépendamment de la localisation en Côte d’Ivoire. Cette source renouvelable est donc disponible, mais nécessite tout comme la biomasse de technologie de transformation en électricité afin d’occuper une part importante dans le mix de l’électricité
L’anticipation des fréquences pluviales et le stockage des volumes d’eau indispensables à combler les déficits en période sèche.
Publié par Eric KOUA, génie énergéticien, INP-HB – Polytechnique Montréal
Sources
[1]. ANARE-CI, 2019: Rapport d’activités 2019. Autorité Nationale de Régulation du Secteur de l’électricité de Côte d’Ivoire.
[2]. IEA, 2012: World Energy Outlook 2012 - Analysis. International Energy Agency.
[3]. IRENA, 2020: International Renewable Energy Agency (IRENA): Renewable capacity statistics 2021. Report in English, French, Spanish. 408 pages.
[4]. JICA, 2019: Diagnostic du secteur de l’énergie en Côte d’Ivoire. Rapport final de l’étude de collecte des données relatives au secteur de l’énergie électrique. Agence administrative indépendante; Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA). Asia Engineering Consultant Co., Ltd.
[5]. Partners for Innovation, 2020: Study of the biomass potential in Côte d’Ivoire. RVO project ref.202009047/PSR20CI02.
[6]. Wikipedia, 2021. Renewable energy: https://en.wikipedia.org/wiki/Renewable_energy
[7]. Wikipedia, 2021. Microgrid: https://en.wikipedia.org/wiki/Microgrid
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